Troisième cours de Laïla Commin-Allié (Avril 2009)
Lors de la dernière séance, continuant notre exploration des critiques faites à la ville au XIXe siècle, nous avons présenté un second courant du pré-urbanisme : le modèle culturaliste. A l’inverse du précédent (le modèle progressiste), il se tourne vers le passé. Son point de départ critique n’est plus la situation de l’individu dans la cité mais celle du « groupement humain ». La cité est perçue par les tenants du modèle culturaliste comme une unité organique menacée par le développement industriel. Ce courant de pensée est exclusivement anglais, inspiré par les travaux historiques et archéologiques; nous l’avons présenté à partir des écrits de A.W.N. Pugin, John Ruskin et William Morris ( auteur du roman utopique: Nouvelles de nulle part). Après avoir souligné les limites de ces catégories (modèle progressiste/modèle culturaliste) – qui selon l’auteur même de L’ Urbanisme, Utopies et Réalités – ne sont qu’instrumentales et ne doivent pas être systématisées, nous avons abordé les théories de l’urbanisme. Les textes de ces théories ( cf. F.Choay, La règle et le modèle …), en dépit de leurs différences, présentent trois traits communs: 1 – ils se distinguent eux-mêmes comme discours scientifique, 2 – comme les utopies, ils opposent deux images de la ville (voire de la société), 3 – comme les traités d’architecture, ils relatent une histoire dont le héros est un constructeur. Les théoriciens de l’urbanisme, à la différence de ceux du pré-urbanisme, sont pratiquement tous des professionnels de l’espace bâti, le plus souvent des architectes. Au coeur de leurs théories on retrouve les deux modèles précédemment étudiés (progressiste/culturaliste) auquel s’adjoint un troisième modèle appelé naturaliste. Le modèle progressiste d’urbanisme est celui dont nous avons parlé la semaine passée. Nous l’avons envisagé à partir des travaux et des écrits de l’architecte catalan Ildefonso Cerdá, de ceux de Tony Garnier, des C.I.A.M., de Walter Gropius, de Le Corbusier ou encore du brésilien Lucio Costa. Frappé du sceau de l’utopie par la modélisation de l’espace, ce courant se réclamant de la « modernité » ( rendre la ville contemporaine de l’automobile et des toiles de Mondrian) a été dominant, voire dominateur, durant une grande partie du XXe siècle. Pour un « individu type »universel dont les besoins sont résumés par quatre verbes ( habiter, circuler, travailler, se cultiver le corps et l’esprit), l’urbanisme progressiste a proposé un établissement humain type, idéal selon Walter Gropius. Dans la séance suivante, nous poursuivrons par le modèle d’urbanisme culturaliste, puis naturaliste avant d’aborder les critiques faites aux théories de l’urbanisme (cf. plan).