Présentation du cours de BERNARD PROUST
Le Temps aujourd’hui
Classiquement, il y avait d’abord le temps, distingué de l’éternité, au-delà et au-dessus de lui, avant et après lui ; il y avait ensuite à le concevoir comme linéaire, comme une succession irréversible et continue d’instants séparés. Un sujet identique à lui-même, étranger au temps qui passe, le même de bout en bout, garantit l’unité de l’ensemble des êtres, l’unité du monde et la constance, la rationalité de leurs rapports entre eux et du monde avec lui.
Aujourd’hui, à une époque que Peter Slöterdijk appelle « post-métaphysique », le temps n’est plus ce qu’il était : il est vécu, éprouvé et pensé autrement. Il n’y a plus de transcendance – plus d’en-deçà, plus d’au-delà du temps, plus d’arrière-monde. Il n’y a rien au-delà de ce qu’il y a et tout est sur le même plan d’immanence. Le tout est ouvert. Il n’y a d’éternel que le temps, sans avant, ni après. Le temps lui-même se fragmente et se multiplie. Le sujet n’est plus lui-même : « je est un autre », disait Rimbaud. Le sujet se disperse et disparaît. Les temps relatifs, « subjectifs », se multiplient : au temps technique, raisonnable, le temps du calcul, et de l’économie, devenu dominant, s’ajoutent d’autres temps, au rythme chaque fois différent. Aux ensembles clos, finis, se substituent des totalités ouvertes. Le tout est d’une autre nature, il est de l’ordre du temps, il traverse les ensembles. Le temps, dit Gilles Deleuze, c’est l’ouvert, ce qui change et ne cesse de changer de nature à chaque instant. C’est le tout, qui n’est pas un ensemble, mais le passage perpétuel d’un ensemble à l’autre, la transformation d’un ensemble dans un autre.
Avignon, le vendredi 13 mai 2011
Télécharger la bibliographie :
Le temps
Nous vous signalons que la pièce de théâtre de Bernard Proust « Habeas corpus » est parue aux Éditions L’Harmattan.