Présentation du cours de J-Loup Héraud (novembre 2011)

Présentation du cours de J-Loup Héraud (novembre 2011)

Mutations du corps dans l’art d’aujourd’hui : le corps est-il sang frontière ?

On partira de J. Fabre Je me vide de moi-même (Louvre, 2008) pour interroger les formes dans lesquelles l’art (littéraire et visuel) bouleverse les représentations convenues du corps humain. Où se situe la frontière au-delà de laquelle l’identité du corps vivant sera perdue ou au contraire reconstituée ? Si l’art crée des mondes de fiction, la frontière qui les oppose au monde « réel» crée paradoxalement avec celui-ci des rapports de proximité, voire de « similitude maximale » (D. Lewis).

Dans la 1ère séance, on discutera de la question de savoir ce que cela fait d’être dans un autre corps que le nôtre : que deviennent les corps humains dans un monde à deux dimensions (dans le Flatland de E. Abott), qu’est-ce qu’un monde où les femmes auraient un corps standardisé en Barbie (dans la nouvelle de J.Varley Barbies Tueries) ? Quelles représentations inquiétantes ou dérangeantes nous proposent photographes ou plasticiens pour poser à nouveau frais la question de l’identité de soi avec sa propre peau ?

Dans la seconde séance, on opposera le « corps presque-parfait », le « corps sans limite », que nous promettent les techno-sciences de demain (l’image du cyborg) au « corps-sang limite », corps de chair et de sang avec lequel nombre d’artistes veulent interagir dans leur propre corps : évoquant l’œuvre de Gina Pane, on développera l’itinéraire artistique violent de Michel Journiac pour qui « le corps est une viande consciente ». On mettra en regard l’approche anthropotechnique du philosophe J. Goffette avec celle de « corps obsolète » revendiquée par l’artiste Stelarc.

Dans une 3ème séance plus sereine où l’on interrogera l’œuvre de Diane Arbus (expo en cours au Jeu de Paume, Paris), on se demandera si l’art extrême d’aujourd’hui doit tout montrer au risque d’épuiser l’envie de voir, ou s’il doit au contraire raviver en permanence son acuité.

Les commentaires sont clos.