L’UPA est un projet associatif et bénévole d’éducation populaire : gratuite, ouverte à tous, non-diplômante. Même si ce projet est soutenu par l’Université d’Avignon et par certains de ses professeurs, il en reste totalement indépendant. Ses buts sont essentiellement les suivants :
- Favoriser la diffusion des savoirs, de la culture et de l’esprit critique. L’UPA souhaite contribuer, dans la mesure de ses modestes moyens et dans un souci d’exigence intellectuelle, à satisfaire un désir croissant de connaissances.
- Tenter de contribuer à l’amélioration de la mixité sociale en invitant autant que possible tous les publics à participer aux cours de l’UPA.
- Créer un « îlot de gratuité », d’échanges désintéressés et de bénévolat, dans un monde de plus en plus envahi par les valeurs marchandes.
- L’UPA veut être un lieu où les professeurs et les étudiants viennent d’abord pour le plaisir d’apprendre et d’échanger ensemble, sans en retirer ni salaire pour les uns, ni diplôme pour les autres.
- Pour nous soutenir : Bulletin d’adhésion
1- Introduction
L’Université Populaire d’Avignon (UPA) est un projet d’éducation populaire défendu et mis en œuvre par une association Loi de 1901, qui a été créée le 1er Juin 2005 (voir les statuts de l’association). Elle se donne pour mission de contribuer à l’amélioration de la diffusion populaire de l’esprit critique, des savoirs et de la culture ; mais aussi de favoriser le développement des échanges sociaux dans la cité, en incitant les citoyens à échanger des points de vue et des arguments raisonnés. Ce projet est mis en œuvre hors des institutions universitaires traditionnelles, dans un esprit engagé de mixité sociale, de citoyenneté et de démocratie, de gratuité et de coopération mutuelle.
2 – Les Universités Populaires en France : un peu d’histoire…
Le concept d’Université Populaire est déjà ancien et il a sensiblement évolué au fil du temps. On peut rappeler schématiquement cette histoire en passant par trois étapes successives.
Les premières Universités Populaires françaises.
Elles ont été créées vers la fin du 19ème siècle, à l’époque de l’Affaire Dreyfus. On pouvait s’inquiéter alors de la dégradation des conditions du débat public et de la dilution du socle essentiel de la démocratie — à savoir, la cohésion du Peuple et sa capacité cognitive à exercer sa souveraineté par l’expression d’un opinion raisonnable et raisonnée (pour ne pas dire rationnelle). Les cours délivrés bénévolement dans ces premières UP par de nombreux professeurs et intellectuels engagés avaient donc pour but de contribuer à améliorer les capacités de jugement critique de la « classe ouvrière » et à œuvrer ainsi pour la réalisation de l’idéal démocratique. Après avoir connu un fulgurant succès jusqu’à la première guerre mondiale, ces premières expériences ont peu à peu été confrontées à des difficultés diverses, qui les ont amenées à disparaître ou à se transformer substantiellement…
Une seconde génération d’Universités Populaires
Au fil du 20ème siècle, des formes différentes d’Universités « populaires » sont apparues — ex nihilo, mais aussi parfois du fait de l’évolution des UP de première génération. En général, ces UP de 2ème génération commercialisent des prestations de formation et proposent en quelque sorte un « service » à destination des « consommateurs de loisirs » que nous sommes souvent devenus… En bref, si l’appellation « Université Populaire » est parfois reprise ou conservée telle quelle, on s’écarte nettement du projet politique fondateur des premières UP du 19ème siècle.
Le renouveau contemporain des universités populaires en France
La renaissance des Universités Populaires
En ce début de 21ème siècle, une 3ème génération d’UP voit le jour en France. Elle se donne pour mission de démocratiser la culture et les savoirs et de les dispenser gratuitement au plus grand nombre. Elle reprend ainsi l’esprit de la première génération d’UP (mais le contexte étant différent, elle n’en est pas la reproduction exacte), tous en se distinguant assez nettement de la seconde. En effet, ces UP de 3ème génération ne proposent pas un « produit » ou un « service » payant : elles se veulent plutôt engagées, hors du marché et des relations monétaires qu’il induit, fondées sur des principes et des projets d’amélioration de la vie démocratique, et surtout totalement gratuites ! Elles relèvent donc d’une démarche politique — au sens noble et citoyen du terme — et non pas économique ou commerciale. Dans ces nouvelles UP, la culture et les savoirs sont d’abord appréhendés comme des éléments essentiels à la construction de soi et au fonctionnement normal d’une démocratie digne de ce nom, mais pas comme un facteur de distinction sociale ou de réussite scolaire.
De nouveaux besoins sociaux à satisfaire
Ces nouvelles formes d’UP répondent manifestement à des besoins larges et profonds dans notre société. En effet, nombreux sont les citoyens qui cherchent aujourd’hui à mieux comprendre l’univers dans lequel ils évoluent et à réfléchir avant de pouvoir agir. Ils aspirent à être capable de construire une pensée personnelle argumentée et constructive, à se forger leur propre opinion pour ne pas laisser dicter leur pensée par une élite dont le discours tend bien souvent à la « pensée unique », et à exprimer cette opinion sur la place publique. Le manque de contenu et d’épaisseur du débat citoyen public — de plus en plus dominé par le marketing politique et le règne des conseillers en communication —, l’éloignement des discours politiques par rapport aux réalités vécues par chacun, une certaine démission du politique face à l’économique : le sentiment d’insuffisance et d’inconsistance de la vie démocratique contemporaine alimente ainsi un besoin de savoirs et de culture authentiques. On ressent donc ici et là le besoin d’accompagner les citoyens dans leur volonté de rester (ou de devenir) acteurs de la société dans laquelle ils vivent, d’investir (ou de réinvestir) les espaces publics.
L’impulsion donnée par l’Université Populaire de Caen
C’est dans un tel contexte qu’il faut situer l’initiative de Michel Onfray qui, entouré et soutenu par quelques amis et collègues, a créé à Caen en Octobre 2002 une Université Populaire de ce type. L’une de ses vocations affichées est d’essaimer, d’inciter à la mise en place d’autres expériences de ce genre dans toute la France — ce qui fut le cas dans les mois qui ont suivi à Lyon, à Narbonne, en Picardie ou encore dans le Pas-de-Calais… Pourquoi pas en Avignon ?
4 – L’Université Populaire d’Avignon : un projet qui s’inscrit aussi dans un contexte local
Le contexte avignonnais est particulier à plus d’un titre : l’UPA souhaite donc le prendre en compte dans la formulation de ses projets et dans la mise en œuvre de ses pratiques.
Avignon et son Université : des liens à renouer
Tout d’abord, Avignon a perdu « l’habitude » d’être une ville universitaire depuis environ 2 siècles, et il conviendrait d’inciter les habitants d’Avignon à se réapproprier peu à peu leur Université. Son passé glorieux de « Cité des Papes » lui avait pourtant permis d’être l’une des premières villes de France à accueillir une Université de plein exercice dès le début du 14ème siècle. Mais la perte d’importance et de dynamisme de la ville, ainsi que la centralisation mise en œuvre après la Révolution de 1789 ont provoqué la disparition de son Université… Jusqu’à son improbable renaissance dans les années 1960 ! Il faudra attendre 1997 pour que toutes les facultés de la ville se réunissent à nouveau dans un magnifique campus, situé dans l’Intra-Muros, qui récupère et complète les anciens bâtiments de l’Hôtel-Dieu. Mais combien d’Avignonnais connaissent leur Université ? Combien sont-ils à savoir que des enseignants-chercheurs de plus en plus nombreux, couvrant une très grande diversité de disciplines scientifiques et littéraires, contribuent ici à l’effort général de transmission et de progression des savoirs et de la culture ? Sans parler du fait qu’une proportion non-négligeable de la population avignonnaise n’a peut-être même pas encore vu « son » campus… Manifestement, Avignon ne s’est pas encore vraiment approprié son Université ; et l’Université n’a pas encore totalement investi et irrigué la ville… L’UPA pourrait ainsi contribuer de différentes manières à accélérer ce processus.
Avignon et ses remparts : le « In » et le « Off »
Avignon est l’une des rares villes à avoir conservé l’intégralité de ses remparts du 14ème siècle et à avoir échappé à la « mode » de leur destruction dans la plupart des villes de France vers la fin du 19ème siècle. Le centre ville vit ainsi à l’abri de ses remparts, ce qui fait l’un des charmes incontestables et l’un des attraits touristiques les plus frappants d’Avignon. Cependant, la ville souffre aussi de cette situation, car la séparation physique de l’intra-muros et de l’extra-muros stigmatise et renforce les attitudes de ségrégation sociale et urbaine que l’on connaît déjà partout ailleurs en France… Les habitants de l’intra-muros se rendent rarement dans les quartiers de l’extra-muros, et la mixité sociale, l’apprentissage de la vie collective et citoyenne en sont rendus probablement plus difficiles qu’ailleurs. L’UPA pourrait contribuer à faire tomber les remparts dans les têtes, à favoriser les rencontres des diverses composantes de la population.
D’ailleurs, cette UPA est le fruit de la rencontre (fortuite) d’un universitaire (habitant et travaillant dans l’intra-muros) et d’un militant d’une association de quartier (vivant et s’investissant bénévolement dans l’extra-muros)…
5 – Les principes fondamentaux de l’Université Populaire d’Avignon
- L’UPA est un espace public. Les cours sont donc ouverts à tous, sans aucune condition de diplôme, de niveau, ou d’âge.
- L’UPA est un espace de gratuité totale :
- Les enseignants sont totalement bénévoles et ne sont (donc) pas rémunérés.
- Les auditeurs de l’UPA ne payent rien et n’ont pas à s’inscrire pour suivre les cours, ne doivent rendre aucun travail, ne sont pas soumis à des examens. En contrepartie, ils acceptent l’idée qu’ils ne font cela que pour eux-mêmes, sans en attendre un quelconque diplôme…
- Conformément au précédent principe, l’adhésion à l’association n’est pas imposée pour avoir le droit de suivre les cours. Toutefois, les auditeurs de l’UPA qui veulent soutenir le projet de l’association — mais aussi participer activement à son fonctionnement et prendre part aux décisions — peuvent évidemment en devenir membres en s’acquittant d’une cotisation…
- L’UPA est un espace démocratique : l’association qui la gère respecte les principes fondamentaux de la démocratie sociale. Par exemple, le choix des thèmes sur lesquels portent les cours comme celui des enseignants qui interviennent pour les réaliser font l’objet d’une discussion et d’un vote par l’assemblée générale des membres de l’association lors de la présentation annuelle du rapport moral par le président.
- L’UPA dispense des enseignements de qualité : les cours devront procéder d’une volonté de nivellement par le haut. On peut parler, comme l’a dit Antoine Vitez à propos du festival d’Avignon, d’un véritable « élitisme pour tous » — un oxymore a priori ; un pari difficile, mais pas impossible à tenir !
6 – Le fonctionnement de l’Université Populaire d’Avignon
Nous avions retenu, au départ, le principe d’une UPA « nomade », qui organiserait les cours et/ou les séminaires dans des lieux à déterminer, dans l’intra-muros et/ou dans l’extra-muros. Compte tenu du grand nombre d’auditeurs, nous avons dû jusqu’ici nous contenter des grands amphithéâtres de l’Université d’Avignon. Mais nous gardons l’espoir de mettre en œuvre ce principe dans un avenir proche…
Les cours se déroulent sur le principe d’une séance d’une heure trente, la première heure étant consacrée à un exposé argumenté, suivi d’une discussion de celui-ci. Dans la mesure du possible, nous tentons de dédier régulièrement des séances entières à des débats où le public aura la parole tout au long de la séance.